Tout commence par un déménagement. Clara Beaudoux, journaliste, s’installe dans son nouvel appartement. Refait à neuf, plus aucune trace de l’ancienne locataire ne subsiste. Mais c’est sans compter la cave. Voilà comment elle se retrouve en compagnie de vingt années de vie intime d’une parfaite inconnue.
Objets, lettres, photographies, elle y découvre la vie de Madeleine qui aurait eu 100 ans en 2015. Après enquête, elle retrouve ses proches mais son seul descendant connu aujourd’hui ne souhaite pas récupérer ses affaires et autorise la journaliste à en faire ce qu’elle veut. Qu’en auriez-vous fait à sa place ? Mon âme d’archiviste m’aurait dicté la même chose que Clara, impossible de jeter toute une vie à la benne, même si elle nous est totalement inconnue. Mais alors que faire de toute cette matière ? L’interroger en live. Et c’est là toute l’originalité du projet. La journaliste entreprend, avec l’autorisation de son seul descendant, de vider la cave et de partager ses découvertes sur son compte Twitter. Un format qui permet à la jeune femme de « révéler l’histoire en direct ». Une fois une saison terminée (1 semaine de livetweet), ces tweets, estampillés #Madeleineproject, se retrouvent compilés sur Storify.
Tel un feuilleton, la vie de Madeleine est retracée au gré des trouvailles. On y apprend pêle-mêle que cette enseignante collectionnait les affichettes et le magazine Historia, qu’elle voyageait beaucoup, tenait des carnets de voyage, adorait la Hollande et que son homme Loulou est décédé à l’âge de 31 ans en 1943.
Aurait-elle apprécié que son histoire d’amour soit ainsi étalée ? Une certaine gêne s’installe lorsque je me retrouve plongée dans son intimité. Je ne peux m’empêcher de penser à un passage de Delphine de Vigan dans son dernier ouvrage «D’après une histoire vraie » : « dès l’âge de 12 ans jusqu’à la naissance des jumeaux, j’ai écrit un journal intime (…) S’il m’arrive un jour quelque chose, je souhaite que ces cahiers soient détruits. Je l’ai fait savoir à mon entourage et consigné par écrit : je veux que personne ne les ouvre ni ne les lise. Je sais qu’il serait plus prudent de m’en séparer moi même, de les brûler mais je ne peux m’y résoudre ». Sommes-nous aujourd’hui obligés de tout cadrer pour préserver notre intimité après notre départ ?
Mais ce sont aussi ces tranches de vies, nos Histoires individuelles qui font l’Histoire collective. Sans ces projets, le talent de Vivian Maier n’aurait jamais été révélé, les vies oubliées des greniers psychiatriques le seraient restées et nous n’aurions jamais connu tant d’histoires familiales de 14-18 (La grande collecte 14-18).
Où se trouve donc la limite entre Histoire et violation de la vie privée ?
Une question qui a forcément effleuré Clara, comme en témoigne cette fusion de 2 tweets : « Une enveloppe collée (…) fermée | Doucement j’ai découpé. C’est la seule fois, ces jours-ci, où je me suis sentie déplacée de faire ça #Madeleineproject »
Pour certains, Madeleine appartient maintenant à l’Histoire. Pour d’autres, c’est une intrusion dans sa vie privée. Cela me rappelle cet éternel débat entre secrets de famille et nécessité de transmettre l’histoire familiale.
Mais n’en conviennent aux récalcitrants, les deux saisons de Madeleine Project ont fait un tel tabac qu’elles vont être prochainement publiées dans un livre. Peut-on alors trouver, dans le peu de considération que nous avons aujourd’hui pour la mémoire de nos anciens, l’explication d’un tel enthousiasme face à un projet qui se veut bienveillant pour cette Madeleine ?
La quête de vérité et l’intérêt pour autrui dans une société très nombriliste semblent être devenus la nouvelle tendance.
Nuair a fuair m’athair bás i 1989, chuir mo mháthair achan rud a bhain leis an gcaidreamh isteach ins an mbruascar. Chaith sí amach grianghraif, páipéair oifigiúla, uirlisí siúinéireachta m’athair, agus fiú an Kodak Brownie muirneach a bhí mar súil mo dhaidí.
De thaisme, bhí mo dheartháir Timmy ag tabhairt lámh cúnamh le mo mháthair an bosca bruascair a chur amach agus tháinig sé ar chiste fionta cuimhní mo chlann.
Níl a fhios agam céard a bhí in aigne mo mhamaí. B’fhéidir gur cheap sí nach raibh aon baint againn le na chuimhní sin – gurab léi iad agus nuair a fuair m’athair bás, d’éag na cuimhní áirithe leis.
Nó an ea go raibh sí ag smaointeadh go raibh a saol féin thart le bás m’athair agus nach raibh aon úsáid aici le chuimhní daichead bhlian le chéile.
Ní bheadh fhios again riamh. Ach táim cinnte gur is leis an sochaí iomlán iad na h-iomhanna a mbaineann leis an seansaol, agus is cuma cé leo iad faoi láthair. Is fiú iad a gcosaint agus a scaipeadh.
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